« C'est un joueur exceptionnel, le meilleur du monde » : Antoine Dupont a brillé et fait briller les Bleus face au pays de Galles Avec trois passes décisives, le demi de mêlée a été dans tous les bons coups et a mis les Bleus sur les bons rails en ouverture du Tournoi.
Un ancien international français, vite désintéressé par la raclée infligée aux Gallois vendredi soir (43-0), nous glissait par message à la mi-temps : « Même en regardant de loin, j'ai l'impression qu'Antoine Dupont fait beaucoup de différences. » Le capitaine des Bleus a été dans tous les bons coups d'une première période maîtrisée, sans trop forcer. Après une première pénalité jouée rapidement dans les 22 mètres gallois, qu'il n'a pas réussi à concrétiser, Dupont a tapé un petit coup de pied, disons curieux, pour personne (13e). Celui qui a manqué le Tournoi l'an dernier pour se consacrer à son rêve olympique, a eu besoin d'un quart d'heure pour mettre tout le monde d'accord et débloquer la partie.
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18e minute : d'une magnifique passe au pied, Antoine Dupont trouve Théo Attissogbe en coin qui n'a plus qu'à aplatir. (F. Faugère/L'Equipe)
Après une grosse séquence offensive au près à cinq mètres de la ligne, où les Bleus sont sur le reculoir. Dupont temporise et tape au pied sur l'aile de Théo Attissogbe. Un caviar pour l'ouverture du score (7-0, 18e). Sur le second essai, signé Louis Bielle-Biarrey (23e), c'est encore Dupont qui impose le rythme et fait travailler ses avants pour trouver la faille. Et que dire sur le troisième essai du quinze de France ? Le numéro 9 voit un trou, accélère, casse un premier plaquage et s'échappe dans les trente mètres adverses. Il cadre son adversaire direct, Liam Williams, et adresse une passe sautée à Théo Attissogbe qui, comme sur son premier essai, n'a qu'à plonger dans l'en-but (34e).
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Une passe entachée d'un en-avant. Mais passons... Le récital s'est terminé dans les arrêts de jeu du premier acte. Après un groupé pénétrant, le capitaine des Bleus allonge cette fois une passe sautée à son autre ailier, Louis Bielle-Biarrey (40e + 1). Trois passes décisives qui ont mis K.-O. les Gallois.
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34e minute : le demi de mêlée de Toulouse réalise un festival - crochet, accélération - avant de retrouver l'ailier palois, pour un doublé. (P. Lahalle/L'Équipe)
Dupont avait sans doute remarqué que ces derniers étaient resserrés, ce qui offrait des options sur les ailes. Il a d'ailleurs cherché cette solution, notamment au pied, parfois à l'excès. À plusieurs reprises, on l'a vu se raviser, donnant une sensation d'hésitation, sans pour autant perdre le ballon. Dupont était attendu. Il a répondu présent. « Il a montré beaucoup de fraîcheur et il a fait du Antoine souriait David Darricarrère, entraîneur adjoint de Brive, au coup de sifflet final. Il est au-dessus du lot, il est brillant. C'est un joueur exceptionnel, le meilleur du monde. »
Une sortie précoce pour ne prendre aucun risque
Alors que le chrono affichait 49'18, Nolann Le Garrec a foulé la pelouse du Stade de France et s'est dirigé au petit trop vers Antoine Dupont. Le demi de mêlée remplaçant a glissé un mot à l'oreille de son capitaine, qui a pris dans la foulée la direction du banc de touche. Voir Dupont quitter ses partenaires si tôt dans la partie est une rareté qu'il faut aussi souligner. La dernière fois qu'il a joué moins longtemps sous le maillot de l'équipe de France, c'était face à la Namibie lors de la Coupe du monde 2023 (96-0). Le numéro 9 avait quitté les Bleus après seulement quarante-cinq minutes de jeu, la pommette fracturée.
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40e + 1 minute : Dupont a terminé la première période avec une passe sautée décisive pour Louis Bielle-Biarrey. (B. Papon/L'Équipe)
À l'automne 2022, face à l'Afrique du Sud, il n'avait disputé que quarante-sept minutes, la faute à un carton rouge. Il faut donc remonter au Tournoi 2021 pour retrouver trace d'un coaching si précoce de Dupont par le sélectionneur Fabien Galthié. C'était face à l'Italie, à Rome, déjà en ouverture du Tournoi. Comme face aux Gallois (28-0), les Bleus menaient largement face aux Italiens (45-3). Un bandage aperçu sur son mollet gauche explique sans doute ce coaching prématuré. À une semaine du Crunch à Twickenham (samedi prochain), le staff des Bleus n'a pas souhaité prendre le moindre risque.
« La vraie évaluation aura lieu à Twickenham » : L'oeil de Jean-Baptiste Élissalde après France-pays de Galles Selon Jean-Baptiste Élissalde, ancien demi de mêlée de l'équipe de France (35 sélections entre 2000 et 2008), les Bleus n'ont jamais été inquiétés par les Gallois (43-0). À tel point qu'on devra attendre le choc face aux Anglais à Twickenham, samedi prochain, pour en savoir plus...
« On pressentait une rencontre déséquilibrée entre l'équipe de France et ce pays de Galles trop limité, 11e nation mondiale. Ça a été le cas et les hommes de Warren Gatland n'ont effectivement rien montré. Ils ont comme prévu explosé ; et encore, heureusement pour eux qu'il a plu. Ceci est donc la chronique d'une déroute annoncée.
Les Gallois restaient sur douze défaites d'affilée. Et quand j'ai vu leur première séquence de jeu... ils ont eu neuf temps de jeu et reculé de sept mètres. Les Bleus n'ont pas eu à déployer trop d'effort pour les maîtriser, il suffisait de les attendre, les laisser venir sans rater de plaquage. Ce qui a été le cas, ce qui est positif pour les Bleus. Mais ces séquences ont davantage montré les faiblesses galloises - sans talent ni puissance - que la force française.
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« Le jeu français s'est parfois résumé à cela : du travail des avants puis hop, une passe au pied »
L'une des choses que je voulais observer durant ce match était le comportement de la paire de centres française, cette fois composée de Yoram Moefana et Pierre-Louis Barassi. Il pouvait y avoir des interrogations à leur sujet. Il s'agissait au moins d'une nouveauté. Et on l'a finalement surtout vue sans ballon. Ils ont accompli un gros travail défensif, mais offensivement, ils n'ont pas été dans les coups. Comment l'expliquer ? Par les choix de jeu d'abord, puisque les Français ont sauté le milieu de terrain, et par les opportunités qui se sont ensuite ouvertes. Même Romain Ntamack a très peu touché de ballon, notamment en première période. Le jeu français s'est parfois résumé à cela : du travail des avants puis hop, une passe au pied. Puis encore du travail d'avants et hop, une passe lobée. Plusieurs essais sont ainsi arrivés après une passe au pied, d'Antoine Dupont pour Théo Attissogbe, de Ntamack pour Émilien Gailleton. Mais les Bleus ne sont pas passés par tous les relais et notamment par cette paire de centres que j'aurais aimé davantage voir.
Le fait de la soirée reste le carton rouge de Ntamack. Je pense sans trop m'avancer que Thomas Ramos le remplacera au poste de numéro 10. Mais il reste difficile de tirer des conclusions de cette large victoire. Sinon que les Français ont été très disciplinés, avec seulement trois pénalités concédées, dont une sur mêlée. Et cela reste un point essentiel. Mais paradoxalement, les Bleus en sortent malgré tout avec un carton rouge. La vraie évaluation aura donc lieu à Twickenham. »
Au moins ils sont honnêtes sur l'en avant de Dupont, comment l'arbitre peut ne pas le voir, c'est hallucinant !