Je suis né dans une famille de rugby. Papa, maman, oncles, tantes, grands pères, grands mères, frère, cousins et cousines, tous ont baigné dans la boue des terrains ponctués de grands H. C'est donc tout naturellement que, dès le plus jeune âge, je me suis inscrit dans un club de foot. Deux entraînements et un match plus tard, mon père désirant me remettre sur le chemin de la vie, et trouvant ce sport d'évitement totalement ridicule, je changeais de forme de ballon, passant du rond à l'ovale.
Au début, je ne comprenais strictement rien. Je savais juste qu'il fallait que je prenne cette balle bizarre avec les mains et que je cours sans me faire choper. À l'inverse, si le gamin d'en face, celui qui arborait une couleur de maillot différente, tenait ce fameux cuir, il fallait que je le tombe au sol en serrant le plus fort possible ses jambes avec mes bras. En plus de tout cela, souvent, mon entraîneur m'incitait à balancer le ballon à mon co-équipier ... en arrière ... sinon c'est faute. Bien que celui-ci était -mon mien- et que je n'avais pas spécialement envi de le prêter, parfois je m'exécutais. Faut bien dire aussi que ça gueulait sur le bord du terrain et je n'aimais pas me faire fâcher. Les années s'enchaînaient et je continuais à jouer à ce jeu qui m'épanouissait. Fait incroyable, j'avais le droit de foncer sur un autre, de lui mettre des coups d'épaule, de casque, de lui faire chanter les côtelettes, alors que mes parents m'interdisaient et me punissaient lorsque je faisais mal à mon frère. Génial ! Socialement, ce sport m'a permis de me faire des copains que j'avais hâte de retrouver chaque semaine. Cerise sur la gâteau, le rugby me permettait même de pourrir ma tenue en me roulant par terre. Un rêve de gosse qui n'engendrait pas chez ma maman une rage salivante en constatant l'état de mes vêtements. Comme tout gamin d'ailleurs, je préférais faire mumuse les jours de pluie. Celui qui a joué au rugby et qui ne s'est jamais jeté, d'entrée de jeu, en sortant des vestiaires, dans la seule flaque de boue du terrain, me jette la pierre.
Plus tu grandis, plus tu pratiques réellement le rugby. Gosse, être le meilleur équivaut à marquer un plus grand nombre d'essais que tes camarades ... ou être celui qui arrivera à faire tomber le petit gros tout rouge qui fait peur quand il te fonce dessus en grognant. Ensuite, tu apprends le partage. Partager ce cuir ovale pour avancer et marquer. Cet apprentissage te fait passer le cap de l'égoïsme rugbystique à la notion d'équipe. Une équipe. Celle qui partage tout. Qui vit ensemble pendant les entraînements et les jours de matches. "Le rugby c'est l'école de la vie" et je me suis reconnu dans ce slogan tant le rugby m'a apporté. Je vous le dis, à travers ce jeu, j'ai trouvé une passion, une famille, un rythme de vie.
Mais aujourd'hui, quel image ce sport, dans son actualité, donne aux jeunes générations ?
Dopage, drogue, affaire de viol, intérêts financiers et ego personnel ... tout ce foutoir en l'espace de quelques mois ... Nous sommes bien loin de l'école de la vie. "Dope toi ! Tu seras encore plus performant et donc le meilleur mon enfant" [...] "Après les matches, tu bois une bière pour éliminer les toxines et ensuite, tu snifes un bon gros rail de coke pour avoir une meilleure récupération". C'est cela que l'on souhaite dire aux jeunes joueurs ?
Pendant toute ma carrière, l'argent a toujours été un élément important dans la pratique de ce sport. Pourquoi ? Pour ma licence, pour avoir des installations salubres, des équipements, des ballons Gilbert, des shorts, des chaussettes, des maillots, des crampons et pour faire les déplacements en bus. Bien évidemment, mon club de village n'ayant pas les moyens, chaque joueur participait pour jouir de ceci. Je me revois encore donner un pécule à mon président, devant la porte du car, pour avoir le droit de me déplacer chez l'adversaire du jour et assouvir ma passion. Je ne l'ai jamais regretté parce que l'ambiance du retour était toujours -taré-. Toute cette prose pour en arriver à ceci : l'argent pourri de plus en plus ce sport et son histoire. Qu'il y en ait dans le rugby moderne oui, mais que le pognon fasse vriller le rugby, sur une toupie fofanesque, dans un délire psychiatrique comme nous sommes en train de le vivre, NON ! Ce n'est plus l'école de la vie, c'est l'école des fous illuminés sans camisoles.
"Tu fais l'essai, t'es transformé" -en toxico- ? -en Lance Armstrong- ? -en magnat de la finance- ? -en président millionnaire qui gère un club comme une entreprise qui se doit d'être rentable- ? Et je vous passe les problèmes d'égos de certains dirigeants et des têtes pensantes des hautes sphères du rugby qui alimentent ce nuage nauséabond qui cause vomissements, diarrhées, saignements oculaires, éruption cutanée.
L'argent est devenu un bain d'acide géant qui dissout le rugby lentement et douloureusement. Que fait-on de ce ballon atypique ? Que devient le verbe "jouer" ? "Partager" ? Où est parti ce slogan "le rugby l'école de la vie" ?
Ces réflexions restent chez moi sans réponse. Je regrette tout ce qui se passe en ce moment dans le rugby français. On est loin de ce que mes entraîneurs successifs m'ont appris. Toutes ces subtilités qui faisaient que le rugby était un sport beau, un sport de voyous jouait par des gentlemen. Force est de constater qu'aujourd'hui, ce n'est plus un sport, on ne joue plus, les gentlemen ont disparu. Les voyous, eux, sont encore omniprésents. D'un côté, le rideau se lève devant eux, dévoilant leurs vrais personnalités. De l'autre, le rideau se baisse sur un théâtre qui nous a faits vibrer ... on regrette simplement qu'il n'ait pas duré plus longtemps ...
Note : Tout ce que j'ai écrit existe heureusement encore dans les petits clubs qui suent pour ne pas mourir. J'ai simplement peur que, comme un château de cartes qui a été construit patiemment, tout exploise dans une impuissance totale.
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Bravo pour ce billet d'humeur, c'est bien écrit, c'est à la fois drôle et caustique sans jamais sombrer dans l'agressivité et la vulgarité et en plus ça sent le vécu, que de demander de plus ! Qui plus est, voilà une thématique propre à initier un vrai débat sur les dérives auxquelles ce sport (comme d'autres) est de plus en plus soumis en raison de sa financiarisation et de la médiatisation qui en découle. Que l'on ait peu ou prou ou même jamais taquiné la balle ovale, chacun devrait se questionner sur son degré de responsabilité en temps que consommateur de "sport spectacle" afin de savoir si l'on est prêt à avaler toutes les couleuvres que nous imposent notre passion pour tel ou tel club et jusqu'à quel point il faut sacrifier nos valeurs à la culture du résultat.
Cet article n'est pas un débat mais une constation.
Un article même sous forme de constat n'est jamais un débat en soi, puisque il est le reflet de la pensée son auteur, mais si il amène à réfléchir comme c'est le cas ici, il peut nourrir quelques échanges, sinon à quoi bon te casser le cul à livrer ton expérience et le fond de ta pensée ; autant passer tout ça directement aux pertes & profits et continuer comme si de rien n'était.
Pour moi ,je sais que tout cela existe malheureusement,mais je préfère ne penser qu'au Rugby,au beau jeu pratiqué par notre équipe;cette année je vais beaucoup plus à Deflandre , car La Rochelle "qui n'est pas mon club,je le redis" pratique ce beau rugby où l'on prend son pied rugbystique. Charly ,ta constatation fait et fera débat ,c'est un début de débat ,mais débattu par nous ça ne servirait pas à grand chose .Miomo tu as raison ,le match de Valence était un 8ème ,ça ne change rien au problème :je crois que c'est Agen qui a été champion cette année là.
Le champion de 1976, c'est comme Alésia, connaît pas !!!!
Bravo Charly,
Je ne sais pas quel âge tu as, certainement beaucoup moins que moi, et ça me fait plaisir qu'il n'y a pas si longtemps le "vrai" rugby existait encore.....
Il me semble que tout a basculé bien après la professionnalisation, quelques petites années, mais elle n'y est pas pour rien. En effet, les joueurs, les infrastructures, et toute la logistique attachés coûtent cher. Il faut donc faire rentrer des sous. Les supporters mettent la main à la poche, quelques sponsors aussi. Et puis, il faut de plus en plus d'argent pour "s'acheter" les joueurs vedettes et attirer de plus en plus de monde...........
Et ça devient un business, plus un sport. Et les financiers s'en mêlent, et c'est parti!!! Et les médias s'en mêlent aussi, et décident des jours et heures des matchs, sans se préoccuper des joueurs, des supporters.............
Je crains, non, c'est une certitude, que l'argent va pourrir notre sport favori. Et ne m'y intéresserai plus, parce que ça ne signifiera plus rien.
Mais les MA, les MB, les JL, financiers, les BL and co auront malheureusement gain de cause, et gagneront, qui de l'argent, qui un ego un peu plus surdimensionné.
Il nous restera des souvenirs de boue, de bières, de voyages, de copains..............
à samedi
J'ai 33 ans 😉
C'est ta copine????
Ma femme *
nous avons effectivement un certain écart d'âge. tu as l'âge de mon "petit dernier".
prends bien soin de ta "petite femme"! ça s'évapore vite ces choses là
Une femme ça s'évapore ? Sans déconner si t'as la recette, je suis preneur !
BRAVO ......
Elle touche au rugby ,est-elle en mêlée????
Bonjour à tous,
Merci à Charly et bravo pour ce billet qui nous a rappelé quelques souvenirs... putain, j'ai les larmes aux yeux !
Maintenant quand je vois les dérives qui touchent l'Ovalie, et en particulier certains clubs parisiens ou méditerranéens, je serais tenté de dire comme Coluche : un pour tous, tous pourris !
A l'image de nos politiques actuels mais ça c'est un autre débat...
Pour exemples :
>un mec se barre en AFS en cours de contrat et son président se dit prêt à le reprendre s'il fait amende honorable...
>un ancien All black se fait piquer au volant de sa caisse bourré comme une cantine, son président lui dit que c'est pas bien, et il reprend sa place comme si rien ne s'était passé...
>un ancien All black et un Kangourou se font gauler à la sortie d'une boite avec de la cock, et ces mêmes présidents, nous la joue "vie privée"
> un président, lassé par sa danseuse en tutu rose, fusionne (tu parles) avec un autre président peu scrupuleux, au mépris total de ses joueurs, de son staff, de ses administratifs... et du droit du travail...
Les exemples, hélas, sont de plus en plus nombreux...
Je pose la question : quels signaux donnent-on aux jeunes et générations futures ?
Un monde sans règles ou tout est permis pourvu que l'on soit connus et argentés ???
Habib aurait dit : "Patron, ça craint du cul !"
Personnellement, je l'ai dit, je n'ai pas la solution mais j'en ai foutrement marre de ne lire que des guéguerres des têtes pensantes dans les médias au lieu de constater des combats sur le terrain
DADA
ton constat est pitoyable pour notre sport
on fait pire que les autres
la simple raison est que notre sport pro est encore assez récent et qu'il est dirigé
par des amateurs qui se croient des professionnels
ta liste interpelle et elle n'est pas exhaustive et encore pire : on a pas encore tout vu !!!!
l'argent ne pourri pas que le sport et que le rugby
le fric pourri TOUT a tous les niveaux
alors nos pensées saines ici sur ce forum s'éloignent lentement mais surement du
rugby d'avant où la notion ESPRIT traduisait quelque chose
j ai passé 2 jours en réunion avec des partenaires professionnels
la moyenne d'age > 40 ans !!! aucune considération entre nous !! incroyable
alors j imagine ce sport pognon en son seing .....Quelle tristesse
Bonjour Jojo,
Je crois qu'on ne peut pas toujours ressasser la même rengaine sur l'argent et ses méfaits, que ce soit dans le rugby ou ailleurs ; il faut simplement, sans forcement avoir les réponses appropriées se poser les bonnes questions. L'A.S.M. constitue à mes yeux dans le paysage "rugbystique" actuel une sorte d'exception culturelle parce que son histoire est étroitement liée à celle de la ville de Clermont et de l'entreprise Michelin. A Clermont quand j'étais gosse, tout était Michelin, des écoles au logement en passant par les coopératives d'achat, le personnel ouvrier de cette entreprise était entièrement pris en charge par son employeur et cela s'étendait même dans l'organisation de ses loisirs et de sa pratique sportive puisque l'A.S.M., club omnisports ne l'oublions pas, offrait à la population toutes les possibilités de pratiquer celui de son choix.
Ce long développement pour dire, que pour ce club, les problèmes d'argent ne se posaient pas au sein d'un rugby encore amateur où la plupart de ses adversaires étaient régis et financés par des municipalités ou des collectivités locales. Aujourd'hui, la donne a changé dans bien des domaines, l’avènement du professionnalisme nécessite un financement croissant auquel les collectivités et même le tissu économique local ne parviennent plus dans bien des cas à répondre efficacement ; ajouté à cela une hyper médiatisation de ce sport par des chaînes de télé qui en ont compris l'impact en terme d'audimat et réalisé, que pour presque les mêmes effets et pour bien moins cher la diffusion du rugby pouvait s'avérer presque aussi rentable que celle du foot, cela a fini par attirer des investisseurs multimillionnaires qui ont vu là l'opportunité de combler le déficit d'image dont ils estimaient être victimes, eu égard à leur immense mégalomanie. C'est pourquoi, nous assistons à ces "Battles" incessantes entre les uns et les autres relayées immanquablement par des médias qui en font leurs choux gras puisque c'est devenu leur fond de commerce. Partant de là, comment veux tu, qu'il n'y ait pas de comportements déviants chez des joueurs devenus enfants gâtés d'un système délétère dirigé par de tels zozos, il n'y a qu'a regarder le foot, c'est la même chose en pire ! Et à mon avis si ça continue comme cela le rugby ne va pas tarder à combler son retard sur son aîné.
C'est beau et vrai. À une époque, un certaine personne a tellement mis de pognon dans la quête du résultat immédiat que même le salary cap n'a pas su rectifier. Je ne suis pas sur quaujourdhui, les joueurs acceptent des baisses de salaires. Des diamants sont montrés aux étrangers. Payés gracement, ils bénéficient en plus des droits d'images. Ils ne sont même plus là pour le rugby mais pour engraisser leurs comptes en banque avant de prendre une paisible retraite au soleil. Certes ce n'est pas le cas de tous. Vito à La Rochelle est un bel exemple.
D'ailleurs je me souviens, il n'y a pas si longtemps que cela, que les agents et médias, lors des transferts, annonçaient leurs joueurs dans un club X et le RCT. Toute ceci pour créer une lutte financière et donc un hausse de salaire. Aujourd'hui, tous les clubs se sont mis au diapason en augmentant le budget pour être, redevenir ou devenir compétitifs. Même les clubs anglo-saxons se sont plaints des salaires exhorbitants proposés par les clubs français. Aujourd'hui, eux aussi ont été forcés de suivre la lignée mais de manière plus intelligente, notamment en refusant les sélections aux joueurs qui n'evolueraient pas dans leur championnat. En France c'est pas tellement le cas puisque nous n'avons aucun joueur star que les etrangers nous envient.
ta synthèse se traduit dans l'endettement des clubs qui sera le prochain Trafalgar !!
tout est a la baisse y compris les spectateurs dans les stades
dans ce contexte L ASM et Larochelle cher a JC sortent et font figure d'exemplarité
apres le titre perso je m en fou et si on l a pas he ben tant pis je préfere tout le reste
biz a tous
a A Lille pour démontré au Jack's band que nous somme au dessus
p.............. les fautes d orto !!
?????????
mes fautes d'orthographe JC
Jusqu'ici Jojo, il n'y a que Toulouse et le SFP qui sont financièrement en déroute. Les Toulon, Racing, Montpellier eux n'ont pas de problèmes.
oui car nos potes crachent dans le tiroir caisse mais après ???
regarde Savare
mais peut être je me trompe ( j espère d ailleurs )
Savare, c'est une erreur de casting, il a compris qu'il n'avait rien à faire dans ce merdier dont il n'avait rien à attendre en terme de retour sur investissement, ce mec n'est pas un self-made-man obsédé par l'image qu'il renvoie (miroir, mon beau miroir), c'est un fils de famille, surdiplomé et issu d'une lignée de chef d'entreprise et de financiers pour qui la discrétion est une règle absolue, partant de là rien d'étonnant à ce qu'il se désengage, ses proches ont du largement l'y inciter et de toute manière, il n'est pas à sa place et il l'a parfaitement compris. En ce qui concerne les autres margoulins, c'est une toute autre histoire !
all right
BRAVO BRAVO texte magnifique
tous ceux qui ont connu le rugby dans un petit club et avant les années récentes s'y retrouvent.
mais, remarque: ce sont bien les petits Clubs amateurs qui en 2017 ont élu M. Bernard Laporte président de la FFR ????????
cherchez l'erreur.
Oui parce qu'ils ont adhéré à une sorte de renouveau sans penser que le monsieur appliquerait une politique dictatoriale.
Huuuuum !!! à mon avis, ils sont aussi bien sinon mieux renseignés que les autres sur la personnalité et les intentions du sieur Laporte mais peut-être qu'ils se sentent moins concernés par le rugby pro et ses magouilles et qu'ils ont vu en lui plus de charisme que les autres candidats et une possibilité de développement en raison de sa notoriété et de ses contacts dans le monde politique ?
En même temps, il y avait Salviac en face il me semble.
Ha merde c'est vrai, y avait vraiment plus charismatique que lui, j'avais oublié !!!
d'accord avec toi sur "politique dictatoriale", perso je rajouterai aussi "politique affairiste".
ce qui n'engage que moi.
Affairiste aussi. C'est pour cela que Mourad était tant ému par son élection.